J’ai commencé par écrire un blog de maman et puis, au fil des années, je me suis éloignée, par pudeur peut-être. Mais malgré les enfants qui grandissent, il reste des premières fois et des brides de maman que j’ai envie de partager à nouveau, pour poser les maux. A l’heure où j’écris ces mots, il y a quatre années pile poil qui se sont passées depuis son saut de classe, et que de changements !
L'école primaire : ce nouveau monde
L’entrée au CP aurait pu se passer comme sur des roulettes, il savait lire avant d’y mettre les pieds, accroché à ses petits « Samy et Julie », les mots sont devenus passion et les heures assis sur une chaise une épouvantable torture. Alors, on a commencé à entendre qu’il bougeait trop, qu’il n’avait pas a posture d’élève, qu’il n’avait pas sa place et que le saut de classe avait été une erreur, parce qu’il n’était pas assez mature. En six mois de CP, nous avons découvert un tout autre enfant et si on avait l’habitude de répéter vingt fois les mêmes choses à la maison, si on le retrouvait souvent assis dans la salle de bain à jouer parce qu’il ne se souvenait plus qu’il fallait s’habiller, c’était le quotidien pour nous, juste un enfant un peu tête en l’air. Mais pas l’habitude des crises de décharge le soir. Alors on a mis ça sur le compte des journées trop longues et ennuyeuses, le travail différencié ? Il n’en voulait pas. L’école a été dépassée, la psychologue scolaire avait d’autres choses à faire, on a découvert les rendez-vous extérieurs où tatônne un professionnel qui « voit bien pire au quotidien ». Et puis le covid. C’est à ce moment là, qu’en tant que maman, j’ai su. Il n’avait pas encore 6 ans mais l’école à la maison m’a ouvert les yeux sur ce que pouvait être son quotidien à l’école. Pour capter son attention sur le travail à la maison, on devait sortir toutes les 10-15 minutes dans le jardin faire une pause, pour courir et revenir à table, souvent debout, jamais assis et recommencer. Il n’y avait plus de « crises » à la maison mais la découverte d’une toute autre dynamique que nous n’avions jamais vu pendant les vacances, parce qu’il se dépensait assez à ces moments là.
Se faire entendre
On aurait pu arrêter là et poser un diagnostic, l’année de CE1 avec la même maitresse a été aussi difficile malgré la mise en place d’une classe flexible : des élastiques aux chaises, des ballons, il était tout le temps puni et à la maison, les crises empiraient alors, c’est la première fois que le professionnel qui le suit a posé les mots : trouble de l’attention avec hyperactivité, traitements, la machine était lancée, ce qu’on pensait. Parce que la machine, a été longue à démarrer et si parfois il nous parlait de TDAH, souvent, l’interprétation était différente et si la journée avait été difficile, alors c’était de ma faute à moi et on repartait pour deux mois d’errance. Et déjà le CE2 qui est arrivé. Il a fallu moins d’une demi journée au professeur pour perdre patience, moins d’une semaine pour que les choses s’enveniment avec l’école. Alors pour le TDAH, on fait remplir un nouveau questionnaire, c’était sûr, on allait avancer. Mais questionnaire mal rempli, pas de vagues de l’éducation nationale et tout était de nouveau ma faute (pas celle du papa, jamais).
Et puis, le TDAH
Mais si pendant trois ans, c’est le combat, il suffit de tomber sur les bonnes personnes qui prennent le temps de bouger. Il a suffi de deux personnes pour que les choses bougent et se mettent en place dès la rentrée de CM1. Alors les parcours sont longs mais c’est monnaie courante, pour tout en France, le médical suffoque … La sonnette a été tirée parce que cette fois, il y a eu une véritable observation en milieu scolaire, pas 10 minutes de prises de nouvelles, pas 10 minutes à demander si maman avait perdu patience ce jour là ou la veille. On recommençait tout de zéro, parce qu’à ce moment, on se rend compte que les premiers rendez-vous au CP ont été bâclés. Dix pages d’un compte rendu qui définissent une partie de notre enfant et une conclusion où le TDAH est soupçonné. C’est écrit noir sur blanc. Et l’année 2023 est enclenchée avec de nouveaux mots dans notre quotidien : TDAH, traitements. Et si on croit que c’est fini à ce moment, on fini par se rendre compte que ce n’est que le début, d’un nouveau combat : celui de la reconnaissance, surtout auprès de l’éducation nationale. Ce trouble encore méconnu où on peut encore lire « il est juste mal élevé ». Je me souviens d’une phrase du pédopsychiatre qui avait conclu le premier rendez-vous de l’année 2023 « si c’est passé inaperçu jusque là, c’est parce qu’il est bien éduqué et sait qu’il doit se tenir en dehors de la maison« .
Je ne ferais pas d’épilogue sur cet article sur les troubles du quotidien, pour éviter des diagnostiques gratuits. Si vous soupçonnez un TDA/H ou tout autre trouble chez votre enfant. Prenez rendez-vous avec des professionnels : pédopsychiatre, neuropsychiatre… Il existe des centres médicaux pris en charge en France (gratuits pour les familles) pour ceux qui ne pourraient pas passer par la voie du privé : les rendez-vous sont longs mais permettent une prise en charge optimale de vos enfants.
Si chaque enfant est différent, j’ai l’impression qu’encore aujourd’hui, en 2023, le parcours est long et encore très méconnu. Alors non, ce n’est pas une question d’éducation, de laxisme, de trop d’écrans et une bonne fessée ne règle pas un TDAH.
pour aller plus loin
L’association TDAH France fait un travail énorme d’information. Vous pouvez y retrouver des explications sur le trouble mais aussi de l’aide pour la mise en place d’aménagements à l’école …