En ce 11 novembre, jour de l’armistice, j’avais envie de retracer le parcours de certains de mes ancêtres qui ont participé à la grande guerre, celle qui a tué un frère, un père, un fils, chaque famille ressort meurtri d’un combat qui n’est pas le leur. J’avais envie de retracer le parcours de certains de mes ancêtres, grâce à leurs fiches matricules notamment disponibles dans les archives départementales.
Hyppolite, 20 ans, incorporé pour son anniversaire
Il n’a pas encore vingt ans Hyppolite quand la guerre éclate et si le 18 juillet 1915, il fête ses vingt ans, l’armée ne l’oublie pas. Il est incorporé le 8 septembre et devient soldat de 2ème classe dans le 3ème régiment du génie. Alors l’horreur, il la vivra et dès le mois de Février 1916, c’est la bataille de Verdun. En mars, il est évacué malade et retournera au front qu’au mois de Mai 1916, cette fois, dans le 1er régiment du génie de Versailles. Et à nouveau l’horreur et les maladies, jusqu’en 1918. Hyppolite est rappelé pour la deuxième guerre mondiale et c’est sa grande famille qui le sauvera cette fois.
Joseph, 35 ans, prisonnier de guerre
Joseph, il est père de trois enfants, Claire a 13 ans, Alphonse 10 ans et la petite dernière, Blanche, 9 ans quand la guerre éclate. Ce n’est pas une excuse, il est rappelé à l’activité par mobilisation générale du 1er aout 1914. Deux jours plus tard, il est incorporé au corps et participera à la bataille de Maubeuge, le premier siège sur le sol Français. Du 28 aout au 8 septembre, c’est une première bataille que perds la France et où Joseph sera fait prisonnier comme des milliers d’autres soldats ce jour là. Direction le tristement célèbre camp de Minden.
Il n’y a rien encore dans ce camp, tout est à construire et les premiers prisonniers n’ont pas vraiment d’endroits où dormir. Des conditions que l’on imagine difficiles. On ne sait pas réellement comment, mais ils sont 20 à s’évader de ce camp fin novembre 1914 et à revenir en France le 1er décembre. Son parcours reste une énigme encore, surtout qu’il attérit dans le Sud de la France après être passé par la Suisse. Il mettra plus de quatre mois à se remettre d’une maladie « gastro entérite aigue », il passera par l’hopital de Limoges en février 1915 avant d’être envoyé aux forges de Firminy dès le 22 avril 1915.
Firminy, je connais, c’est écrit sur les cartes postales qu’il envoit à sa famille, à ses frères, à sa femme, ses enfants, ce sont des documents que je possède et alors, tout s’emboite. Il est affecté à différents régiments pendant toute la durée de la guerre et entrera, un peu chez lui, en juillet 1915. C’est la seule fois où il verra sa famille jusqu’à la libération en 1918. Une carte qu’il envoit même après la guerre à sa famille prouve qu’il ne rentre pas tout de suite. C’est le 22 février 1919 qu’il est détaché de toute obligation militaire et qu’il est renvoyé dans ses foyers. La guerre est finie.
Edmond, 47 ans, sauvé grâce à une bronchite
Edmond a fait son service miliaire en 1887 et c’était une tête brulée, il n’avait pas envie d’être là, alors il sera condamné plusieurs fois par le tribunal. Edmond, il est incorporé au 2ème régiment d’infanterie légère d’Afrique en 1890. Ces bataillons regroupent des militaires libérés (prisons militaires des divisions territoriales puis des régions de corps d’armée, pénitenciers, ateliers de travaux publics et du boulet) ou sanctionnés durant leur service. C’est une tête brulée Edmond, pas un meurtrier et ça ne l’arrête pas non plus puisqu’il sera condamné deux fois de suite. Est ce que c’est ces faits qui feront qu’il sera réformé en 1914 ? Officiellement, il s’agira d’une bronchite suspecte. Le front, il ne le connaitra pas. S’il est à nouveau appelé à juin 1915, c’est définitif, Edmond reste réformé et ne connaitra pas la guerre.
Paul, 45 ans, tué en exil
Il y a Joseph et ses frères, qui partent tous au combat, tous, sauf Paul, le deuxième de la fratrie. Paul, comme chaque homme de 20 ans, est passé devant le conseil militaire, mais il a été exempté. Pas de fiche matricule, juste son prénom dans une liste en fin de registre. Alors Paul, il ne part pas au front et surtout, il part loin des lignes de front. Est-ce qu’il part seul ou avec sa femme et sa fille? Est-ce qu’ils quittent tous les trois Péronne pour le sud de la France? Certainement. La petite Simone n’a que 8 ans. Paul, on ne connait pas son parcours, juste un nom un monument aux morts, Paul, on ne sait pas où il partait, on sait juste qu’il pert la vie le 6 avril 1915 dans le Loiret. Simone, est reconnue pupille de la nation après la guerre, Paul est une victime de guerre « tué en exil ».